Il était quatre heures du matin, et Zelda ne dormait pas. Les yeux grand ouverts, elle fixait le mur, en face d'elle, sans un battement de cils. Il lui arrivait de faire ce genre d'insomnies, deux ou trois fois par mois. Lors de ces nuits ennuyeuses et éprouvantes, son esprit la torturait en lui rappelant des souvenirs douloureux et autres faits gênants. Parfois, elle en arrivait même à se questionner sur elle-même. Marchait-elle sur la bonne voie ? Sa façon d'être et de se comporter était-elle juste ? Ses certitudes et idéaux avaient-ils une fondation ? Elle avait tellement peur de se tromper, et surtout d'échouer. Elle ne voulait pas rater sa vie. La jeune femme se demandait si, en restant à l'écart des autres comme elle le faisait actuellement, elle ne se mettait pas en marge de quelque chose de vraiment bon pour elle. Mais pourtant, elle ne ressentait pas le besoin d'aller vers ses camarades – elle les trouvait enfantins et débiles.
Alors, sur cette conclusion, d'habitude ; elle s'endormait. Sauf que cette nuit-là, ce ne fut pas le cas.

Contrairement à ses camarades, quand elle ne tombait pas dans les bras de Morphée, Zelda ne se retournait pas incessamment dans ses draps, elle ne soupirait même pas et ne grinçait surtout pas des dents. Non, elle restait fixée sur un point et attendait que le temps passe. Ce temps, il était long... très long. Elle était allongée dans son lit depuis plus de cinq heures, et elle commençait à s'ennuyer vraiment. Les ronflements de ses camarades de dortoir commençaient à lui peser, bien plus encore que les «tic, tac» réguliers d'une horloge centenaire accrochée près de son lit.

Brusquement, elle décida de se lever. Elle se redressa tout d'abord dans le noir, et attrapa sa baguette magique posée sur sa table de chevet du bout des doigts. Un rapide lumos éclaira la scène, trop faible cependant pour réveiller les dormeuses de la pièce. Zelda mit quelques temps à s'adapter à celle lumière douce, et se mit sur ses pieds finalement. La jeune fille trouva un gilet de laine fine qui vint couvrir ses épaules graciles, un livre poussiéreux apte à la distraire, et elle sortit du dortoir. Ses pas sur les dalles de pierre sombre se firent discrets, tout bonnement parce qu'elle était à pieds nus. Le contact froid du sol sur ses talons déclenchèrent un frisson chez la jeune fille, mais elle ne se retourna cependant pas pour aller chercher des pantoufles.

Arrivée dans la salle commune des vert-et-argent, elle choisit un fauteuil et s'assit dedans tout en collant ses genoux contre sa poitrine pour que ses pieds n'embrassent plus le sol. Face à elle, un feu coloré magiquement de vert jaillissait d'une grille en fer. Il la réchauffa instantanément, et elle se sentit presque à l'aise. Son siège n'était pas très confortable - ce n'était qu'un détail. Sa chemise de nuit noire lui arrivait aux cuisses, découvrant ainsi ses jambes maigres, mais elle ne s'inquiétait pas de cela. A une heure pareille de la nuit, elle était sûre de ne croiser personne dans la salle commune des Serpentards, qui étaient de gros dormeurs.
Elle ouvrit donc son livre à la première page en toute sérénité, et commença à lire pour tromper l'ennui.